Chapitre 6

 

— Pourquoi ai-je l’impression d’avoir besoin d’une douche après tout ça ? demanda Barbie qui, prise d’un frémissement, croisa les bras sur sa poitrine.

Personne ne lui répondit. Je regrettais de l’avoir poussée à choisir Mary. Bien sûr, quel que soit notre choix, la proie aurait probablement été tout aussi malingre, mais c’était difficile d’imaginer une créature plus abîmée et misérable que Mary.

— Bon, dis-je pour briser l’embarrassant silence. Nous supposons donc que Dougal et/ou ses potes se cachent derrière tout ça, non ?

— C’est une hypothèse logique, admit Adam. Et s’il a fait passer une prisonnière, ce n’est certainement pas la seule.

— De la chair à canon, marmonna Raphael.

— Quoi ? demandai-je.

— C’est de la chair à canon, répéta-t-il plus fort. Je ne sais pas quelle mission il a prévue pour eux, mais le fait qu’il fasse passer des prisonniers – peut-être avant d’autres démons qui attendent depuis des décennies – laisse penser qu’il compte les utiliser pour effectuer des tâches requérant des démons qu’il peut sacrifier. Peut-être des missions que ses vrais partisans ne souhaitent pas accomplir.

Le feu est la seule chose qui peut tuer un démon. La pensée qui me vint à l’esprit en cet instant me rendit presque malade.

— Des kamikazes, chuchotai-je.

Barbie, le souffle coupé, ouvrit la bouche en grand. Adam se laissa tomber lourdement sur le lit. Et Raphael resta debout, l’air sinistre.

— Est-ce que tu crois vraiment…, commença Barbie, mais sa voix mourut avant qu’elle parvienne à formuler sa question.

Nous nous tournâmes tous vers Raphael qui connaissait le mieux Dougal.

— Je ne peux rien dire concernant d’éventuels kamikazes, dit Raphael. Il n’aurait pas besoin de démons particuliers pour ça quand on sait combien ses partisans sont des fanatiques. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il ne souhaite peut-être pas seulement être le roi du Royaume des démons. Il veut peut-être aussi régner sur la Plaine des mortels. Il en serait bien capable.

— Alors il ne va plus se préoccuper de Lugh ?

Je me demandai si la guerre larvée ne nous était pas passée à côté.

— J’en doute, répondit Raphael.

— C’est un défi, intervint Adam. Il voulait que Lugh découvre cette opération. Il pense que ça va le faire sortir de sa cachette.

— Peut-être, ajouta Raphael sans paraître vraiment convaincu. (Il me regarda.) Qu’en pense Lugh ?

J’attendis un moment pour voir si Lugh souhaitait répondre mais il n’en fit rien. Je secouai la tête.

— Il semblerait qu’il ait choisi le silence radio.

— N’envisage pas de faire quelque chose de stupide, Lugh, dit Raphael. Même si Dougal te provoque, tu ne peux rien faire.

Toujours aucune réponse. Je trouvai ça tout aussi étrange que Raphael et je regrettai de ne pouvoir lire dans l’esprit de Lugh comme il pouvait le faire avec moi.

— Avant qu’un de nous pète les plombs, déclara Adam, essayons de découvrir ce qui se trame vraiment. Dougal vide peut-être les prisons parce qu’il veut utiliser les détenus comme de la chair à canon pour prendre le pouvoir sur la Plaine des mortels. Ou il essaie peut-être de faire sortir Lugh de sa tanière. Peut-être qu’on ne peut même pas imaginer ce qu’il est en train de manigancer.

— Ces hypothèses ne s’annulent pas forcément, dit Lugh en brisant le silence.

— Ouais, je ne sais pas si c’est une bonne idée de le mentionner à moins d’avoir envie que Raphael et Adam passent le restant de mon existence à nous marquer à la culotte pour s’assurer que tu ne fais rien de stupide.

— Alors que nous suggères-tu de faire, dans ton infinie sagesse ? demanda Raphael à Adam avec le mépris qui le caractérise.

Adam peut être impétueux parfois, mais il garda son calme, malgré la provocation de Raphael.

— Nous attendons jusqu’à jeudi et nous aurons alors une petite discussion avec le contact de Mary. Il sera un cran plus haut dans la hiérarchie et il en saura donc plus.

— Tu crois vraiment qu’elle va t’appeler ? demanda Barbie.

— Elle va appeler, dit Adam sur un ton qui ne laissait aucune place au doute et j’avais tendance à le croire.

— Alors une fois encore, on reste assis et on attend, grommela Raphael.

— Tu as une meilleure idée ? répliquai-je. Parce que je ne suis pas sûre que cela serve à grand-chose de sauter dans tous les sens en hurlant que le ciel nous tombe sur la tête à moins de savoir de quelle manière y remédier.

Raphael me décocha un regard mauvais qui aurait gelé de la lave en fusion et j’étais contente de ne pas être à sa portée. Il m’avait déjà frappée et il semblait avoir envie de recommencer. Apparemment il n’avait pas de meilleure idée, car il ne répondit pas.

— Très bien, dis-je. Rentrons chez nous et racontons tout cela à nos tendres moitiés avant qu’elles meurent d’inquiétude.

Afin de convaincre Brian, Dominic, Saul et Andy de ne pas nous accompagner au club, nous avions dû leur promettre un rapport détaillé dès que notre mission serait remplie.

Raphael éclata de rire.

— « Nos tendres moitiés », hein ? Est-ce que ça veut dire que je dois passer un coup de fil à Andy en rentrant ? Il est ce qui s’en rapproche le plus pour moi.

— Tu laisses Andy tranquille ! répliquai-je. Je l’appellerai dès que j’aurai parlé avec Brian.

Raphael haussa les épaules avec nonchalance.

— Comme tu veux. Tirons-nous d’ici. J’ai eu ma dose de cet endroit pour ce soir.

Je n’allais pas le contredire.

 

Il était plus de 2 heures du matin quand je revins chez moi. J’avais un peu espéré que Brian aurait été là à m’attendre, de préférence dans mon lit, mais il était parti. Essayant de nier la douleur qui me poignarda, je me mis en pyjama puis m’assis en tailleur sur mon lit et composai le numéro de Brian.

Il répondit à la première sonnerie, ce qui signifiait qu’il attendait près du téléphone. Même si ma double personnalité lui posait problème, il s’inquiétait encore pour moi, je suppose. C’était plutôt bon signe.

Je lui racontai tout ce qui s’était passe au club en évitant d’exprimer mes hypothèses les plus alarmantes. Il parviendrait certainement aux mêmes conclusions par lui-même mais, tant que nous n’avions pas de preuves solides, je ne voulais pas l’inquiéter plus que nécessaire.

Si Brian développa ses propres théories, il les garda pour lui. Je pensais discuter un peu de notre problème avec Lugh mais, comme je l’ai dit, il était plus de 2 heures du matin. J’étais épuisée et Brian devait l’être également. Il était fort peu probable que nous soyons en état d’avoir une discussion constructive.

Après un « au revoir » gêné et maladroit, j’appelai Andy.

— J’étais justement au téléphone avec Raphael, me dit-il en décrochant.

Vous voyez comment, dans les dessins animés, la vapeur s’échappe des oreilles d’un personnage quand il est en colère ? Eh bien, c’est exactement ce que je ressentis en cet instant.

— J’ai demandé à ce connard de te ficher la paix, dis-je, les dents serrées.

Si j’avais pensé que Raphael prévoyait sérieusement d’appeler Andy, j’aurais téléphoné à mon frère avant de parler avec Brian.

— C’est bon, dit Andy. Il a été relativement correct. Il n’y a pas de mal.

Peut-être, mais Raphael avait fait tellement de mal à Andy par le passé…

— Morgane ? Tu es toujours là ?

— Ouais, dis-je en expirant profondément pour essayer de me détendre. Je ne veux tout simplement plus qu’il traîne autour de toi.

— Crois-moi. Je ne le souhaite pas non plus. Mais il n’a fait qu’appeler pour me raconter ce qui s’était passé au club. Pas de quoi en faire une montagne. Je t’assure.

— D’accord, répondis-je sans être convaincue.

Je ne pouvais m’empêcher d’examiner tout ce que faisait Raphael sous toutes les coutures à la recherche d’une motivation intéressée.

Andy et moi n’avons jamais été très friands de bavardage et nous raccrochâmes assez rapidement. Fatiguée comme j’étais, je n’avais pourtant pas envie de dormir. J’aurais pu craindre de faire des cauchemars, mais Lugh avait mis un terme à tous mes mauvais rêves, et même aux normaux. Je me laissai tomber sur le canapé et allumai la télévision. J’avais peu de chances de trouver un programme intéressant à cette heure-là, mais zapper m’occupait au moins l’esprit.

Je faillis lâcher la télécommande en tombant sur une publicité que je n’avais encore jamais vue. Elle ressemblait à un de ces spots qui faisaient l’apologie de l’armée – le genre qui vous fait croire que le simple fait de s’engager vous transforme automatiquement en Super Macho capable de bondir par-dessus les immeubles. Sauf que celui-ci n’était de toute évidence pas pour l’armée.

L’annonce consistait en un montage de scènes s’enchaînant sur une musique de grand orchestre.

Un pompier bondissait hors d’un immeuble en feu en serrant un enfant dans ses bras.

Un médecin urgentiste tordait la carrosserie d’une voiture accidentée afin que son équipe puisse extirper une femme inconsciente du siège conducteur.

Un policier poursuivait un voyou armé, le rattrapait et, malgré les deux balles qu’il avait prises en plein torse, plaquait le criminel au sol.

Un autre homme en uniforme – garde nationale, d’après moi – aidait à consolider une digue pendant une tempête aveuglante et portait tant de sacs de sable que ses pieds auraient dû s’enfoncer dans le sol sous son poids.

Aucune narration, aucun commentaire. Mais la publicité s’achevait sur les mots « Contribuez à une noble cause » en lettres blanches sur fond noir. En dessous figuraient un numéro de téléphone non surtaxé et une adresse Internet.

Je regardai le téléviseur avec horreur. Nous avions émis l’hypothèse que la Société de l’esprit pourrait revoir les critères de sélection des hôtes pour les démons, mais nous n’avions pas imaginé une campagne nationale de recrutement.

Contribuer à une noble cause. C’était ce que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des hôtes de démons souhaitaient et je pouvais facilement concevoir qu’un tel message puisse séduire des personnes ayant une mauvaise image d’elles-mêmes.

J’essayai de me convaincre que la Société de l’esprit ne ferait pas beaucoup d’affaires en passant cette pub à 2 heures du matin, mais, bien sûr, je savais qu’elle devait également être diffusée plus tôt dans la soirée. Il y a un siècle, être membre de la Société de l’esprit était un crime fédéral puni par une peine de prison à vie. Aujourd’hui, cette même Société recrutait sur une chaîne de télévision nationale.

J’éteignis le téléviseur et laissai tomber la télécommande sur la table basse. Persuadée que j’avais la migraine, j’avalai deux comprimés de paracétamol avant de me mettre au lit et de tirer les couvertures sur ma tête.

 

Ce fut la sonnerie du téléphone qui me réveilla au matin. Je suis toujours groggy au réveil quand je prends des médicaments pour m’aider à dormir. Au lieu de répondre, je m’enfouis plus profondément sous les couvertures. Une minute passa et le téléphone se mit de nouveau à sonner. J’écrasai mon oreiller sur ma tête en grognant pour atténuer le bruit. Bon sang, celui qui appelait pouvait bien laisser un message !

Quand la sonnerie retentit une troisième fois, je me redressai en position assise et jetai un regard furieux à l’appareil. Le réveil annonçait sept heures et demie, ce qui signifiait que j’avais dormi environ cinq heures. Le paracétamol n’était donc pas seul responsable de mon état.

Comme le téléphone dans ma chambre n’avait pas la reconnaissance du numéro, je ne savais pas à qui m’attendre en décrochant.

— Si vous vendez quelque chose ou que vous appelez pour des dons, ou si vous faites un sondage, je vais vous pourchasser et vous tuer, grondai-je.

— Belle journée à toi aussi, répondit Adam.

Je grognai une seconde fois et me laissai retomber en arrière sur mon lit, le combiné toujours collé à l’oreille. Ce n’était pas bon signe qu’Adam appelle à cette heure de la matinée. Et quelle que soit la mauvaise nouvelle que j’allais devoir affronter, je ne m’imaginais pas le faire sans avoir bu mon café.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demandai-je, en fermant les yeux et en songeant avec nostalgie au sommeil.

— Mary est morte.

Ses paroles anéantirent une grande partie de ma faiblesse matinale et je me redressai d’un coup.

— Quoi ? Comment ? Et quand ?

Notre entretien culpabilisant avec elle remontait tout juste à quelques heures.

— Il y a peu de temps et lentement.

Je déglutis.

— Que s’est-il passé ?

— Elle a été battue à mort. Je ne me suis pas rendu sur la scène de crime – officiellement, c’est une femme humaine qui a été assassinée par un autre humain, ce crime ne relève donc pas de ma juridiction –, mais j’ai parlé à un des policiers sur les lieux. Apparemment celui qui l’a battue a brisé pratiquement tous les os de son corps.

Je grimaçai en repoussant l’image du visage misérable et effrayé de Mary. Celui qui l’avait tuée devait avoir un cœur de pierre. Bien sûr, c’était un démon, l’agression avait tué l’hôte de Mary, pas Mary elle-même qui devait être retournée au Royaume des démons à la mort de son hôte.

— Quelles sont les chances qu’il s’agisse d’une coïncidence qu’elle soit assassinée peu de temps après que nous lui avons parlé ?

— Quasiment aucune, répondit Adam en émettant un soupir accablé.

— Est-ce qu’elle avait toujours ta carte sur elle quand on l’a découverte ?

— Ouais. C’est pour cette raison que le policer m’a appelé. Je lui ai dit que je l’avais rencontrée au club et que je lui avais donné ma carte au cas où elle serait témoin d’un événement spécial là-bas. Ce n’est pas la première fois que je fais ce genre de choses, mais elle ne correspond pas au profil des spécimens que j’approche habituellement. Je vais encore avoir pas mal d’explications à fournir. Les flics ne savent pas qu’elle était possédée et je crois que ça vaut mieux.

— Pourquoi ? Si les flics apprennent qu’elle était illégale, l’affaire tombera sous ta juridiction. Ce serait sûrement mieux pour toi.

Je pus presque l’entendre se tortiller sur place.

— Tu sais, ma conduite… a été quelque peu discutée ces derniers temps. (À cause de moi, même s’il était assez poli pour ne pas le mentionner.) Je ne suis pas certain qu’il soit judicieux d’attirer l’attention en admettant que je n’ai pas suivi la procédure standard.

Je haussai les épaules, même s’il ne pouvait le voir.

— Peu importe. J’ai confiance en ton jugement. Mais qu’est-ce qu’on va faire alors ?

Je n’avais pas eu l’impression que nous avions appris grand-chose au cours de notre interrogatoire de la nuit mais, sans Mary pour nous conduire à son contact, nous n’avions plus rien.

— On repart de zéro, confirma Adam. Je crois qu’il faudrait réunir de nouveau le Conseil.

Super. Le problème avec ce concept de Conseil, c’est que tous ses membres aspirent à être tenus au parfum et même à prendre part aux décisions.

— Je vais encore passer le reste de la matinée au téléphone, marmonnai-je.

— C’est bien mieux que la matinée que je me prépare, rétorqua Adam.

Je l’admettais sans peine et même sans savoir ce qu’il avait décidé de dire à ses collègues.

Péchés Capitaux
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